évoluer dans l’organisation
Le parcours de Mme Fanny Jenni

Quelles sont les possibilités d’évolution professionnelle offertes à une Aide-soignante? Pour illustrer ce thème, nous avons demandé à Mme Fanny Jenny, Assistante en soins et santé communautaire (ASSC) au CMS d’Yverdon-les-Bains, de raconter sa trajectoire personnelle au sein de l’ASPMAD.

Comment votre parcours dans les soins à domicile a-t-il commencé?
J’ai obtenu mon certificat d’aide-soignante en 1998 et j’ai connu ma première expérience comme Auxiliaire Polyvalente au CMS de Grandson à 50 %, puis, deux ans plus tard, à 80 %. Au bout de cinq ans, j’ai ressenti le besoin d’en savoir plus, d’aller plus loin dans ce métier, et j’ai décidé de m’inscrire à l’Ecole d’ASSC.

Comment s’est déroulée la formation?
Je l’ai suivie à Vevey. C’était tout nouveau et je faisais partie de la troisième volée qui se lançait dans cette formation. A l’époque, un seul cursus était possible, à plein temps. En première année, nous suivions cinq jours de cours hebdomadaires, avec quelques jours de stage par semaine. En deuxième année, les cours continuaient, mais avec cette fois trois mois de stages. Enfin, la troisième année était consacrée essentiellement aux stages en entreprise, avec plusieurs cours-blocs d’une semaine. J’ai eu beaucoup de chance: ces stages m’ont permis de parcourir le canton et de me former dans différents secteurs: psychiatrie adulte, soins palliatifs, CMS, EMS, chirurgie cardiaque.

Que vous a-t-elle apporté dans votre quotidien?
Le plus important est d’être en mesure de prendre une situation dans sa globalité, en joignant les soins d’hygiène et de confort et un certain nombre d’actes médico-techniques simples (prises de sang, injections, pansements, médication). N’oublions pas l’aide pratique et l’aide au ménage, qui font aussi partie de nos attributions. Pour moi c’était une étape décisive, mais au début j’ai ressenti une certaine méfiance de la part des infirmières car la formation était nouvelle; une réflexion sur la délégation devait se mettre en place car elle n’était pas encore inscrite dans la culture professionnelle de l’organisation. Les choses ont bien évolué aujourd’hui, nous sommes toujours plus nombreuses dans les équipes (sept à Yverdon-Est sur un total de cinquante-huit dans notre Association) et la plus-value de notre fonction est désormais reconnue, même si à mon sens elle ne l’est toujours pas suffisamment sur le plan salarial * et sur certaines compétences.
En 2009, j’ai pu me former comme formatrice en entreprise, rôle que j’exerce pleinement auprès de nos apprentis.es en voie duale au sein de notre Association. Nous accueillons également des apprentis.es en voie école à plein temps, qui sont en stage pendant trois mois.

Vous avez continué à vous former ensuite. Dans quel but?
Pendant un temps, j’ai rêvé de rejoindre une école d’infirmièrs.ères grâce au tremplin de la maturité professionnelle. Mais je me suis rendue compte qu’à trente ans, je n’étais plus prête à passer une maturité. Et j’ai aussi réalisé que je n’étais pas vraiment faite pour une fonction dans laquelle l’administration avait pris beaucoup d’importance. En 2015, j’ai fait la demande pour une formation post CFC. J’avais besoin d’évoluer, de me former pour faire face à la population vieillissante et à la chronicité. Je me suis décidée pour une formation en emploi. J’ai donc commencé cette nouvelle spécialisation basée sur des modules, suivis de trois examens finaux pour obtenir le brevet fédéral d’Assistante en soins de longue durée et accompagnement. C’est une formation tournée vers les soins chroniques, la psychiatrie et la psychogériatrie.  Je l’ai suivie à l’Espace Compétences, à Cully. Elle offre un cadre passionnant de réflexion sur la situation globale des clients et de leurs proches, pour aller au-delà de la prise en soins immédiate.
Enfin, depuis décembre 2019, j’ai été nommée cheffe experte pour la mise en place des procédures de qualification des ASSC dans tout le canton (deux cent cinquante candidats.es en 2021). Ce poste à responsabilité se compose de plusieurs étapes dans l’année. Il faut savoir que «derrière un examen» il y a neuf mois de préparation. Dans ce travail à 40 %, qui dépend de la DGEP (Direction générale de l’enseignement postobligatoire), je gère une commission de qualification de sept membres et un collège d’experts de cent cinquante personnes. C’est un travail qui m’apporte énormément sur le plan humain, social et juridique.

Quel regard portez-vous aujourd’hui sur votre parcours?
Pour moi, évoluer est essentiel dans ma motivation professionnelle. Je dois aussi souligner que mon cursus doit énormément à la reconnaissance, à la confiance et au soutien humain que mon responsable de centre, M. Thierry Azzola, m’a toujours apportés.

 

* La grille salariale est déterminée par la convention collective du secteur sanitaire parapublic vaudois.