Reconversion professionnelle
L’exemple de Mme Stéphanie Aubort

Les professions de terrain des soins à domicile sont physiquement exigeantes. Il arrive donc que des problèmes de santé rendent impossible la poursuite d’un métier dans ce domaine. C’est ce qui s’est passé pour Mme Stéphanie Aubort, à qui nous avons demandé de nous parler de sa reconversion professionnelle.

Quel a été votre parcours dans les soins à domicile?
Après ma scolarité à Montreux, j’ai passé un CFC d’employée de bureau. J’ai ensuite obtenu une maturité de culture générale afin d’entrer à l’Ecole d’infirmières de La Source. Cependant, je n’ai pas pu terminer cette formation car j’ai eu deux enfants en peu de temps et la charge de travail devenait trop lourde. Dès lors, je me suis dirigée vers les soins à domicile. J’ai intégré le CMS de La Tour-de-Peilz, où j’ai suivi une formation d’Assistante en Soins et Santé Communautaire (ASSC) en une année au lieu de trois, car j’avais déjà étudié trois ans à l’école d’infirmiers.ères. Un peu plus tard, j’ai fait une nouvelle tentative à La Source, pensant que j’allais être réintégrée dans le cursus, mais cet établissement était devenu une HES. J’ai repris deux ans de formation HES et ai postulé au CMS de Cully où j’ai travaillé pendant sept ans en tant qu’ASSC.

Vous êtes ensuite partie huit mois en France: qu’avez-vous retiré de cette expérience?
Au départ, c’était un choix de vie. Mon conjoint y travaillait, et je ne pensais pas que la parenthèse serait aussi courte. Employée dans un établissement mi-EHPAD mi-unité hospitalière comme il y en a beaucoup en France, j’ai été confrontée aux limites d’un système de santé manquant de moyens et où les soignants.es sont presque constamment en sous-effectifs: nous étions 3,5 EPT pour quarante-six patients.es hospitalisés.es et très dépendants.es. Je ne pouvais imaginer pratiquer mon métier dans de telles conditions.

Vous revenez donc en Suisse…
Effectivement et, à mon retour, j’ai postulé à l’ASPMAD. Je suis entrée au CMS d’Orbe où j’ai travaillé pendant trois ans jusqu’à ce que mes problèmes de santé apparaissent.

Comment sont-ils apparus?
Cela a commencé par des épisodes de très grandes fatigues, accompagnées par des douleurs musculo-squelettiques de plus en plus violentes. On m’a diagnostiqué une hyperlaxité sévère, un syndrome qui a peu de conséquences lorsqu’on est jeune, mais qui peut devenir handicapant avec l’âge, surtout si on a un métier très sollicitant physiquement. Il m’était de plus en plus difficile de prendre en charge des clients.es en toute sécurité.

C’est là que l’idée d’une reconversion s’est imposée?
Oui, mais progressivement. J’étais quelqu’un d’hyperactif; je n’aurais jamais imaginé que mon corps me trahisse un jour. Il y a eu un deuil à faire, d’autant que j’ai toujours adoré mon métier d’ASSC. J’ai obtenu rapidement une mesure AI et on m’a proposé de passer un certificat RH. Les cours m’ont immédiatement passionnée. Les conditions de travail, le recrutement, les assurances sociales, les salaires, ce sont des thèmes qui touchent tous les secteurs. Les étudiant.es venaient de tous les métiers, on échangeait beaucoup. Une vraie ouverture vers des horizons professionnels que j’ignorais. En même temps, M. Rosselet (Responsable RH) m’a proposé un stage comme Assistante RH. J’ai eu de la chance de pouvoir intégrer une équipe aussi dynamique, dans laquelle tout le monde s’entraide. Les gens sont à l’écoute, ils vous donnent confiance, il y a toujours quelqu’un pour vous proposer une piste ou un conseil. C’est capital lorsqu’on entame une reconversion professionnelle, et cela permet de mettre en place rapidement un objectif essentiel pour moi: étant seule avec deux enfants adolescents, j’ai besoin d’une activité à temps plein. D’ailleurs, à quarante-cinq ans, je refusais absolument l’idée de rester à l’AI pour de longues années.

Où allez-vous vous diriger ensuite?
C’est encore très ouvert. Je me verrais bien collaborer au service RH d’un organisme social, par exemple. Et pourquoi pas à l’AI, où mes connaissances du terrain pourraient apporter de la cohérence et du pragmatisme dans les mesures proposées.